La rue vue par la rue


Quand des SDF twittent leur quotidien

lundi 18 novembre 2013

Tweets 2 Rue : Ryan, son bilan un mois après...


"Tweets 2 Rue ? Au départ, je me suis dit pourquoi ne pas tenter l’aventure. Je ne savais pas trop ce que ça pouvait donner. Un mois après je trouve le bilan très positif.

Initialement je pensais que les personnes allaient juste me suivre et pas forcément me répondre ou me parler. J’ai reçu beaucoup de soutien et d’encouragements auxquels je ne m’attentais pas.


Tous me disaient de rester fort, que certains aussi étaient passés par là, que ça finira par s’arranger, un jour.  J’ai reçu beaucoup de messages qui m’ont marqué, ils m’ont m’ont donné du courage.

Twitter m’aide à m’exprimer différemment. Je dis des choses que je ne dirais pas forcément à l’oral. Ça m’a vraiment aidé aussi à rompre l’isolement, à sortir de ma cachette intérieure.

J’ai traversé des moments très difficiles et j’ai pu m’exprimer quand j’étais au creux de la vague. Après tu attends des réponses pour te fortifier. En fait, ce ne sont pas juste des messages que j’ai postés mais des appels à l’aide.

J’ai eu des idées suicidaires et ça m’a fait peur ! Ce qui me fait tenir c’est que tant qu’il y a de la vie il y a de l’espoir. Grâce à Twitter je ne suis pas seul et ça me donne la force de croire qu’un jour ça ira.

Tous ces messages pour moi c’est de la solidarité.

Ça fait 6 mois maintenant que je suis en France et à Metz et je commence à trouver des repères dans la ville. Quand je ne suis pas dans mes démarches administratives, je me pose dans la galerie marchande d’un super marché pour rester au chaud. Jusqu’à 16 ou 17h.

Après je commence à tourner dans la ville pour trouver un endroit où dormir autre que mon pont. J’appelle aussi le 115. J’ai pris l’habitude de dormir sous le pont dont j’ai twitté la photo. Il y fait froid et ça reste humide mais ça me garde à l’abri quand il pleut.

Je n’ai jamais connu d’hiver, c’est vraiment dur mais on n’a pas le choix. Je ne suis pas encore bien équipé. Je crains la neige où ça sera pire. J’ai peur de tomber malade. Je me refuse de penser au pays sinon ça va me faire trop mal.

Je trouve un certain équilibre avec le football. Je joue dans un club local. J’ai deux entraînements et le match le dimanche. Mes coéquipiers connaissent ma situation et me soutiennent. Certains m’appellent, et m’aident notamment pour les habits, même s’ils ne sont pas forcément adaptés à la saison.

Quant à mon état d’esprit, je suis complètement dans la survie. J’arrive toujours à me projeter dans l’avenir, même si c’est très difficile.

Il existe d’autres lieux comme la Boutique Solidarité. Le Secours Catholique par exemple. Mais je me sens mieux à la Boutique Solidarité. Je me sens accepté tel que je suis.

Et puis j’ai créé des liens. Je suis un peu réservé mais j’arrive à parler à certaines personnes comme Cécile, Clément ou Anissa (des encadrants, ndlr). Avec eux je me sens normal."

Ryan @usher226

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