"Tweets 2 Rue permet de se soutenir mutuellement. Et à travers nous d’avoir une pensée pour tout ceux qui sont dans la même situation que nous.
Au départ j’étais un peu
méfiant. Je ne fais pas confiance aux médias, bon la radio peut être un peu
plus. Ils montrent des images mais pas forcément les vraies. Du moins ça reste
très orienté. J’avais peur qu’on instrumentalise mes propos. Je ne voulais pas
encore donner une image de pitié des personnes à la rue.
Si j’ai accepté c’est pour
avoir un peu de soutien, d’aide dans les moments difficiles et je voulais aussi
témoigner de ma propre expérience. J’ai par ailleurs un vrai besoin
d’expression. Il y a des jours où tu es plus fort que d’autres, il y a des
jours où tu es vulnérable, tu te sens épuisé.
Je ne m’attendais pas à une
telle dynamique autour du projet. Au départ, j’avais pris ça un peu comme un
jeu. Mais beaucoup de personnes ont réagi et interagi. Avec une pensée, un
soutien et ça ça fait plaisir.
Je pense que mes tweets ont
paradoxalement aidé certaines personnes qui ne sont pas forcément dans la même
situation que moi. Elles croyaient m’aider mais c’est finalement moi, quand on
échange, qui les aide. Et ça ça fait plaisir. On se sent utile.
Parfois l’Homme a du mal à
se concentrer sur l’essentiel. Notre monde cloisonne les gens, on en oublie les
relations humaines. Il y a des personnes aisées mais qui souffrent dans leur
quotidien. Mes tweets leur font réfléchir peut être sur leur propre vie, eux
qui ont normalement « tout » pour être heureux.
Certains se demandent
comment j’ai pu garder cet état d’esprit. C’est dû à mon passé et à tout ce que
j’ai subi chez moi. Pour celui qui a connu la guerre, dormir dans le froid ça
n’est rien. J’ai vécu bien pire que ça. J’ai compris que nous avons plus de
valeurs que les biens matériels.
Ce qui m’a marqué ce sont
ces gens qui se mobilisent jour et nuit pour prendre de tes nouvelles. Ça va
droit au cœur. Je me pose beaucoup de questions en ce moment par rapport à la
vie.
Le plus important pour moi
c’est la famille. Mes parents vieillissent et j’aimerai les revoir. Depuis un
certain temps j’ai l’impression de les avoir abandonnés. Je suis l’aîné des
garçons de la famille. Je suis parti et
eux sont restés.
Il y a une solidarité autour
de Tweets 2 Rue et j’espère juste qu’elle est sincère. Pour ma part je n’ai
reçu qu’un seul message négatif mais il m’a choqué. Il disait « Les nègres
et les SDF devraient pas exister ».
Ce qui est bien c’est que parfois, on passe des rencontres virtuelles au réel. De Twitter tu passes aux SMS puis à des rencontres en vrai.
Ce qui est bien c’est que parfois, on passe des rencontres virtuelles au réel. De Twitter tu passes aux SMS puis à des rencontres en vrai.
En tout cas le soutien moral
que nous apporte tout ceux qui nous suivent est très important. Certains
pensent que ça n’est qu’une question d’argent, comme si l’argent réglait
tout ! Ce qui compte avant tout c’est la relation humaine.
Si les choses ne
s’améliorent ici pour moi c’est mon dernier hiver en France. Je ne peux pas
continuer à vivre à la rue comme un chien. Je vais rentrer chez moi près de mes
parents. Même si je sais que si je rentre je serais soit incarcéré soit exécuté.
Parce que je n’ai pas été victime de la guerre mais acteur (au sein des forces
loyalistes à l’ancien Président ivoirien, ndlr).
Ce que j’ai vécu m’inspire
des réflexions sur la société qu’elle soit d’ici ou de là bas. La paix n’est
pas rentable pour le marchand d’armes. Certains n’ont aucun intérêt à la paix
sociale. Diviser pour mieux régner. Après, tout ça renvoie à des enjeux de
pouvoir. D’où toutes les actuelles manipulations politiques…
Qu’est ce que j’attends de
Tweets 2 Rue ? J’aimerai que ça devienne une grande famille qui garde ses
relations même au-delà du programme. Et pas que chacun se retrouve livré à lui-même.
En ce qui me concerne, j’aimerai que Tweets 2 Rue continue à m’apporter un peu
plus de force. D’autant que je suis en pleine réflexion par rapport à ma
situation.
Je pense que ce qui pourrait
faire avancer les choses pour moi serait une formation. Pour me remettre dans
une nouvelle dynamique, apprendre un métier. Mentalement je commence à
fatiguer, mon avenir m’inquiète. Je suis dehors et je ne peux pas avoir une
vie."
Manu @115toimeme
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