La rue vue par la rue


Quand des SDF twittent leur quotidien

jeudi 28 novembre 2013

Manu quitte La Péniche pour un squat

Manu @115toimeme a quitté La Péniche, hébergement d’urgence qu’il avait pu avoir pour un mois, pour ouvrir un squat « légal » avec la complicité du propriétaire. Il a par ailleurs donné son plan B, sa tente, son duvet installés dans un emplacement isolé dans Paris, à deux jeunes SDF à la rue. Explications.


« A la Péniche, les cabines sont vraiment toutes petites, sans fenêtre. Là bas ils acceptent les chiens. Mon colocataire en avait un. Ce sont des cabines de 2 personnes. Je ne me sentais pas à l’aise avec cette promiscuité. D’autant qu’il y a des horaires à respecter. J’ai préféré partir », explique Manu.

« D’autant qu’il y a des consignes et des principes de vie extrêmement stricts. C’est très rigide : pas le droit de quitter la table pendant le repas,  pas de casquettes, pas d’écouteur, pas le droit de répondre au téléphone, on doit se tenir droit à table. On te rappelle en permanence de te tenir ‘correctement’. Si on arrive après 21H, on risque de ne pas te renouveler ta place à la semaine », poursuit-il.
 
S’il estime « qu’il n’y a que des choses à respecter », il dénonce un « sans blanc de social » car pour lui la meilleure façon d’aider les personnes à la rue passe par la communication. Chose dont il déplore l’absence à la Péniche. Il a donc plié bagage.
 
Squat légal
 
Partir pour aller où ? Il avait bien son coin où sa tente, plantée en permanence, l’attend avec son duvet. « Dans petite cours d’un entrepôt, invisible de la rue car protégé par des grandes haies. Le propriétaire est un commerçant qui ne se sert des lieux que le matin ou le soir. J’ai mis ma tente là avec son consentement. Ça ne le dérangeait pas », précise @115toimeme.
 
Mais avec le froid hivernal, il cherchait mieux. Alors il a « ouvert » un squat. Un squat « légal » puisque l’appartement, en litige juridique, est inoccupé. Son propriétaire est d’accord pour que Manu l’utilise « discrètement ». Il lui dit que changer les serrures et de l’habiter comme si de rien n’était. Tout en se montrant un « locataire » discret. Eau, électricité, tout est fonctionnel.
 
Manu offre son ancien lieu avec sa tente et son duvet
 
Quid de son ancien coin de tranquillité ? « J’ai donné le plan, avec ma tente et mon duvet, à deux jeunes SDF d’une vingtaine d’années. Autant que ça serve à quelqu’un qui est dans la galère. J’ai expliqué au commerçant qui me permettait de rester là la situation, il est d’accord. Pour lui en plus ça lui fait une présence discrète devant des entrepôts ».  Tout bénéf donc. 
 
Désormais posé, Manu, en plein deuil de sa maman disparue, réfléchit à sa vie et ses prochaines orientations. A cette formation qu’il veut faire, à ses objectifs d’une vie meilleure.



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