La rue vue par la rue


Quand des SDF twittent leur quotidien

mardi 21 janvier 2014

"Je n'ai pas l'habitude qu'on s'en fasse pour moi"

Patrick @kanter57640 a entamé début janvier un roadtrip pour aller à la rencontre des gens de la rue pour porter leurs voix sur Twitter (Mezt, Valenciennes, Toulouse, Limoges, Bourges et Paris). Ici, un post tiré de son carnet de route.

« La Cousine » m’a payé 4 nuitées à l’hôtel parce qu’elle en avait marre que je sois dehors. Comme elle me l’a dit, elles ne vont pas me lâcher. Si c’est pas La Cousine, ça sera Nadège (@zebulonlon) ou Karen (@KarenLesEtoiles) mais il y aura toujours quelqu’un en permanence derrière moi. Comme vous l’avez dit sur le Tweet tout à l’heure c’est « la garde rapprochée ». Ce sont des pitbulls les 3…

J’ai bien apprécié le geste de « La Cousine » mais j’étais contre. C’est à moi de me démerder pour la bouffe et l’hébergement. J’ai accepté le roadtrip en sachant les inconvénients que j’aurais derrière. Les inconvénients c’est que tu arrives dans une ville que tu ne connais pas, c’est savoir te démerder pour trouver où dormir, savoir te démerder pour trouver à bouffer, pour trouver où sont les différentes assos’ et tout ça.

Ce que La Cousine a fait ou que l’une ou l’autre font pour moi je le comprends très bien. Je comprends que celles avec qui j’ai noué de vraies relations puissent s’inquiéter pour moi. Faut comprendre ça aussi. Pour les filles c’est pas toujours évident de me savoir comme ça. Mais comme je le disais à Séverine (@seselapero) la dernière fois, quand je me suis embarqué dans l’truc j’ai accepté les règles du jeu.

On est 4 dans l'aventure

Cela dit je ne leur raconte pas tout. Ce sont 3 personnes différentes qui s’inquiètent différemment pour moi. Il y a beaucoup de choses que je dit pas. Sinon elles n’arrêteraient pas de se faire du mouron.

Comment je vis l’attention qu’elles me portent ? Je ne sais pas comment expliquer c’est un peu complexe. Ça m’énerve qu’elles s’en fassent pour moi. La Cousine par exemple, plutôt que se concentrer sur elle, qu’elle se refasse une santé, qu’elle retrouve la patate, elle s’épuise mentalement avec mes problèmes. Alors que son problème est nettement plus grave que le mien. Donc ça m’emmerde un peu. Karen c’est pareil, elle a ses études et son quotidien à gérer et tout. L’une comme l’autre a un combat à mener.

Ça me fait vachement plaisir quand je les ai au bout du fil parce que je ne me sens pas tout seul là-dedans. Comme j’ai dit, on est à 4 dans l’aventure, j’en ai embarqué 3 en plus avec moi. Même s’il y en a une à Paris, une à Limoge et une à Metz, il y a 3 personnes derrière moi que je peux appeler à tout moment, si vraiment ça va pas, que j’ai envie de parler ou que je suis en train de péter un câble. Ça me fait plaisir de les avoir les 3 avec moi. Pour rien au monde je me séparerai d’elles. Mais comme j’ai dit, je n’ai pas l’habitude d’avoir des personnes extérieures qui se tracassent la tête pour moi, alors que mes propres parents ne l’ont jamais fait. Pour moi c’est tout neuf, tout nouveau. Je suis un petit peu perdu des fois avec elles. 

 

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