Cécile Boutiali, est assistante sociale à la Boutique Solidarité de Metz, partenaire de Tweets 2 Rue. Pièce maîtresse de la dynamique locale, elle dresse son bilan du projet. Elle qui est en contact permanent avec Patrick et Ryan.
"Tweets 2 Rue ? Patrick ça l’a transformé. Avant
il prenait son café dans son coin, je l’avais même surnommé affectivement
« Gricheux » c’est tout dire. Maintenant il a trouvé sa place à la
Boutique, même physiquement. Il était en retrait, maintenant il est très à
l’aise, avenant. Plus épanoui. C’est même un peu lui qui détend l’atmosphère.
Avant il n’y avait pas beaucoup de monde autour de lui maintenant il est
entouré et par la communauté Twitter et par un petit cercle de personnes avec
qui il a noué des relations particulières.
Il a fait les démarches pour voir s’il pouvait
récupérer son permis de conduire même si ça ne se fait pas, il se projette dans
un certain futur. Juste le fait d’avoir envie est une très bonne chose. Un mois
après je trouve que le bilan est positif.
Pour Ryan c’est tout le contraire. Même si ça n’est
pas lié à Tweets 2 Rue. Avant il était très avenant, taquin, très ouvert. Là on
le voit de moins en moins à la Boutique. Il s’est complètement refermé sur
lui-même. Il ne cherche plus le contact. On travaille avec lui à une
stabilisation, au moins pour la période de l’hiver, via le 115. Nous avons bon
espoir d’y arriver…
J’aime bien l’idée du roadtrip de Patrick. (il
souhaite faire un tour des Boutiques Solidarité de la Fondation Abbé Pierre
pour aller à la rencontre des personnes de la rue, ndlr). C’est bien qu’il se
projette, lui qui était si effacé. En plus dans un projet à grande échelle. « Un
guide du routard des accueils de jour » : c’est un peu fait pour lui…
Après je me pose des questions sur comment il va gérer ça en terme d’énergie et
de temps. Même si je sais qu’il sera accompagné sur ce projet.
Le fait que les journalistes soient venus faire leur
reportage ou articles dans nos locaux n’a pas eu d’impact direct sur l’image de
la Boutique (Solidarité). Plus sur eux mêmes. Ça a fait sauter leurs préjugés.
Ils avaient du mal à franchir le seuil de la porte. Ils avaient visiblement des
a priori sur les accueils de jour. Quand ils sont rentrés, ils ont trouvé les
lieux chaleureux, propres, un vrai lieu de vie avec des gens qui vaquaient à
leurs occupations, qui prenant un petit déjeuner, qui sortant de la douche en
peignoir… Leur relation à ce visage du monde de la rue a vraisemblablement
évolué. Une des journalistes a même été si enthousiaste qu’elle a dit qu’elle
reviendrait pour notre repas solidaire.
Il n’y a pas eu de réactions spécifiques de la part
de l’équipe accueillante par rapport à Tweets 2 Rue. Il faut dire que je n’ai
pas eu l’occasion de faire un point général avec eux. Cela dit ils vont
régulièrement voir les différents fils Twitter. Il y en a même une qui
communique avec Ryan et Patrick via Twitter.
J’aime bien l’idée que la Boutique Solidarité soit un
carrefour des solidarités générées par Twitter, comme pour l’appel aux dons de
couvertures fait par Patrick. Sans Twitter ça ne se serait pas fait. Si la
Boutique peut servir d’entrepôt, de salle de rencontres qui peuvent se créer
autour de Tweets 2 Rue, c’est le top. C’est génial !
Le fait que Patrick, plus à l’aise avec sa
communauté, ait initialement lancé son appel pour des couvertures pour Ryan qui
était dans le besoin, je trouve ça très beau ! C’est un bel exemple
d’altruisme. "
Cécile Boutiali
Twitter Boutique Solidarité de Metz : @BSMetz
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