« La seule chose que j’aimerai c’est revoir mes
enfants, les avoir auprès de moi et avoir une famille heureuse. » »
« Bonjour,
Moi c’est Ryan, j’ai 24 ans. Jamais je n’aurais imaginé me
retrouver un jour dans une telle situation. Avant pour moi la France c’était
juste un pays de tourisme. Je venais en famille avec ma mère et mes petites
sœurs. Chine, Afrique du Sud, France, Cameroun, Sénégal, Italie, Espagne,
Allemagne, j’ai beaucoup voyagé. Mon père était commerçant et je vivais très
bien chez moi en RDC (République Démocratique du Congo, ndlr).
Seulement il a eu le tord de soutenir un opposant politique,
notamment à travers une association de droits de l’homme dont le responsable a d’ailleurs
été tué. Un jour, la veille d’une journée de marche à laquelle nous devions
participer contre les arrestations arbitraires, une quinzaine de militaires
armés sont venus à la maison. Ils ont fouillé la parcelle et sont tombés dans
ma chambre sur les pancartes qu’on avait préparées pour le lendemain. Ils nous
ont arrêtés mon père et moi et emmenés séparément. C’est la dernière fois que
j’ai vu mon père.
J’ai fait 15 jours de prison où j’ai été violé par les
gardiens, passé à l’interrogatoire, ligoté et suspendu au plafond, fouetté même
pour me soutirer des aveux sur mon père. J’étais perdu, je ne comprenais rien à
ce qui se passait. Ça a été très difficile.
C’est à la faveur d’un transfert de prison qu’on m’a fait
m’enfuir. Sans que je sois au courant de quoi que ce soit. Des personnes de
l’extérieur avaient réussi à retrouver ma trace et à acheter la complicité de
certains gardiens. On m’a fait me cacher 1 ou 2 mois à Kinshasa et puis un beau
jour on m’a annoncé que je devais quitter le pays. Pour où ? Je n’en
savais rien. On m’a juste mis dans un avion pour Paris avec des papiers qui
n’étaient pas les miens. Et on m’a dit de suivre un Monsieur qui m’attendrait à
l’aéroport en France.
Ce que j’ai fait sans poser de questions. Je l’ai accompagné
à Gare de l’Est. Il a pris 2 billets pour Metz. Une fois sur place, il m’a dit
de l’attendre, qu’il avait une petite course à faire. Je ne l’ai jamais revu.
Je me suis retrouvé là, sans papier, sans personnes à qui m’adresser, là dehors
dans une ville inconnue, en France, avec juste mon sac. Et j’ai passé ma
première nuit dehors…
Heureusement que j’avais gardé dans une des poches de mon
pantalon mon permis de conduire congolais. Ça m’a donné une petite preuve de ma
nationalité quand j’ai commencé à faire les démarches d’asile et de papiers.
C’est vraiment compliqué en France. Pour ce qui est de savoir où dormir c’est
une angoisse permanente et une bataille de tous les jours pour moi, notamment
avec le 115. J’appelle comme je peux à 10h, 20h30, 23h00, minuit pour essayer
chaque jour d’avoir une place.
Sans la Boutique Solidarité (de Metz, ndlr) j’aurais craqué
depuis longtemps. Je n’ai aucune nouvelle de ma famille. Ni de mon père, ni de
mes enfants. Personne ne sait là bas où je suis. Je n’ai pas encore pu
téléphoner au pays parce que ça coûte cher et que je n’ai pas d’argent.
Ce qui me fait tenir c’est ma foi. Je suis chrétien et je
garde la foi que les choses peuvent changer. Moi la seule chose que j’aimerai
c’est revoir mes enfants, les avoir auprès de moi et avoir une famille
heureuse. »
Ryan.
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